Événement | Journée d'études | Public adulte
Image et corps
Vendredi 6 juin 2014

Informations pratiques
Lieu : Paris
Tarif : Entrée libre
Sans réservation
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La journée d'études
Notre corps nous inscrit dans un quotidien physiologique et biologique tout autant que dans une interrogation identitaire. Penser notre corps, c’est nous projeter vers un au-dehors mais aussi interroger notre inquiétante étrangeté, cet au-dedans que notre corps délimite. Qu’il soit corps glorieux, corps divin ou païen, le corps se construit à la manière du “feuillet réversible” de Merleau-Ponty : il est tour à tour subi ou exalté, rejeté ou admiré, torturé, dépecé, choyé, idéalisé, magnifié. Le corps se conçoit donc comme un seuil : il est cette interface avec autrui qui permet de contempler et de donner à voir. Dès lors, si notre corps se structure dans la douleur et la déformation, pour tendre inéluctablement vers la mort ou le deuil, il s’élabore aussi grâce à un élan vital, exulte de désir pour laisser libre cours au plaisir, aux émotions interdites ou refoulées.
La représentation du corps subit cette même déchirure car représenter l’humain c’est tout à la fois peindre le personnage et l’état de son esprit. Tout d’abord bridée, normée et sacralisée, l’image du corps s’émancipe peu à peu, pour se libérer au XXe siècle. Sous la surface visible de l’image qui suit les canons de son époque ou cherche à s’en émanciper, se cache toujours la représentation sensible du corps, voilé ou dévoilé. Le triomphe des écorchés, les nus maniéristes ne montrent-t-il pas à fois la fascination pour l’anatomie, pour le passage du temps ou pour les tourments de l’âme ? Devant l’image du corps, nous sommes devant un seuil : sa contemplation peut nous faire passer de l’autre côté du miroir en déchirant la frontalité de l’image et en nous révélant à nous-mêmes.
En quoi l’image du corps est-elle le reflet de cette déchirure entre intérieur et extérieur, de ce renversement entre abjection et érotisme, de cette scission entre profane et sacré ? Comment l’image patrimoniale et culturelle (la peinture mais aussi la photographie, le cinéma) expose-t-elle cette dualité du corps fragmenté, violenté, déconstruit, fétichisé ou sacralisé ? L’action de l’homme sur son propre corps (tatouages, scarifications, body art, performances, sport) est-elle une mise en scène de sa fragilité corporelle ou un cri identitaire ?
Programme
Matinée
9h15
Accueil des participants
9h30
Conférence d'ouverture
Alain Fleischer
Artiste, écrivain, directeur du Studio national d'arts contemporains Le Fresnoy
La peau des images, la peau comme image
10h30 - 12h30
Le corps magnifié
Hélène Marraud
Attachée de conservation et chargée des sculptures au Musée Rodin
De Rodin à Mapplethorpe
Anne Creissels
Université Lille III
Quand le geste fait image : performances et survivance du mythe
Sébastien Galliot
Centre de recherche et de documentation sur l’Océanie
Réflexion sur le statut des images tatouées à partir d’un cas en Polynésie occidentale. Le tatouage rituel à Samoa
Pause déjeuner et visite de l’exposition Mapplethorpe Rodin
Après-midi
14h30 - 15h30
Le corps fragmenté
Isabelle Prat-Steffen
Université de Cergy-Pontoise
Le corps pluriel dans le cinéma d’Isabel Coixet
François Géal
Université Lyon II, artiste
Réflexions sur le traitement du corps dans mes photocollages
16h00 - 17h00
Le corps violenté
Guillaume Singer
Journaliste, photographe
Le corps du boxeur, l’image de la boxe
Scheherazade Zambrano
Université Lille III
Le corps déchu, l’image d’une blessure sociale : recherche corporelle à partir des féminicides au Mexique
17h30
Clôture de la journée
Responsable scientifique
Isabelle Prat-Steffen : isabelle.steffen-prat@u-cergy.fr
Amphithéâtre du musée Rodin, 21 boulevard des Invalides, 75007 Paris
Renseignements : colloques@musee-rodin.fr, 01 44 18 61 38