Appel a communications | XIIe journée de la jeune recherche en sculpture

Fermeture anticipée les 24 et 31 décembre 2024 à 17h30, dernière entrée au musée à 16h45. Fermeture du jardin de sculptures à 17h.
Le 25 décembre et le 1er janvier, le musée sera fermé toute la journée.

Appel a communications | XIIe journée de la jeune recherche en sculpture

Modernités sculpturales : le rôle des techniques et des matériaux (19e-21e siècles)

Vendredi 4 avril 2025
Paris, musée Rodin, auditorium Léonce Bénédite
Retransmission en ligne en direct

Sous la direction de Sébastien Clerbois, maître de conférences en histoire de l’art contemporain à l’Université libre de Bruxelles, et de Chloé Ariot, conservatrice du patrimoine, chargée de la collection des sculptures au musée Rodin

Dans les Curiosités esthétiques du Salon de 1846, Charles Baudelaire écrivait :

« L’harmonie est la base de la théorie de la couleur. La mélodie est l’unité dans la couleur, ou la couleur générale. La mélodie veut une conclusion ; c’est un ensemble où tous les effets concourent à un effet général […] La bonne manière de savoir si un tableau est mélodieux est de le regarder d’assez loin pour n’en rien comprendre, ni le sujet, ni les lignes ».

Sur la base de la comparaison musicale, la pensée esthétique du poète opère ou justifie un bouleversement profond dans l’ordre du visuel classique, ouvrant la porte aux modernités artistiques. En somme, à rebours de l’historia antique et de la storia classique, l’art n’est désormais plus pensé comme un support à la narration, mais bien comme un pur jeu d’expression, ou d’effet.

Ce mouvement n’est, en réalité, guère original dans l’histoire de l’art. Avant le 19e siècle, le Maniérisme ou la peinture du 18e siècle avaient déjà valorisé la peinture pure. Mais à partir de la deuxième partie du 19e siècle, le mouvement prend des allures révolutionnaires. Là où le passé cherchait l’équilibre, la modernité contemporaine dynamite les codes académiques de l’image classique, libérant les composantes expressives de l’œuvre.

Mais qu’en est-il en sculpture ?

L’histoire de l’art, dont le narratif est souvent adossé à l’histoire de la peinture, a longtemps peiné à y percevoir ce phénomène, avant de pointer les dispositifs, souvent techniques – nouvel usage de la fonte à la cire perdue, rejet de la hiérarchie des matériaux, retour à la taille directe, valorisation des esquisses, etc. – perçus comme marqueurs de la modernité sculpturale.

Ce mouvement semble prendre d’autant plus de force que, dans les arts sculptés, l’industrialisation, croissante au 19e siècle, augmente les possibilités de reproduction des œuvres, au détriment de ce que certains perçoivent comme l’aura, désignant le caractère unique de l’œuvre d’art, faite d’une expression singulière ou d’une force expressive que recherchent les artistes modernes puis, d’avant-garde.

À l’ombre du célèbre article de Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique et de sa notion d’aura, une partie de l’historiographie a largement essentialisé le rapport de la modernité sculpturale à la technique, oubliant au passage que le texte de Benjamin est plus un manifeste d’avant-garde qu’un texte à portée philosophique et que, quoi qu’on en dise, la sculpture est et reste un art de la reproduction, et donc du multiple. C’est l’image d’un Rodin détournant les opérations techniques de reproduction par moulage au profit d’un usage signifiant de la composition par fragments – le marcottage –, ou celle d’un Jef Lambeaux, héraut de la technique de la cire perdue utilisée pour retrouver la touche expressive des baroques flamands, oubliant que l’expressivité est davantage le résultat d’une fonte dire « brute », c’est-à-dire non ciselée, que de celui de l’usage même de la cire perdue.

Le moment est venu, sans doute, de se réapproprier cette question : quels liens entre les matériaux et les techniques de la sculpture et l’expression des modernités artistiques ? En quoi les approches techniques ou matérielles, de la part des sculpteurs, ont pu être constitutives d’une définition de la modernité, ou en quoi ces approches contribuent-elles à forger un discours

sur la modernité artistique ? Quelle est la part des choses entre investissement réel et discours sur la technique ? Comment les artistes ont-ils réellement investi de nouvelles techniques ou détourné d’anciennes pour exprimer la modernité ? Mais aussi : en quoi la technicité a -t-elle pu être utilisée par les artistes pour servir le discours – vrai ou faux – destiné à alimenter, dans les représentations collectives, les perceptions modernes de leur œuvre ?

Avec l’avant-garde, les effets de rupture augmentent rapidement. Les techniques et les matériaux industriels – soudure, béton coulé, acier Corten, etc. – inondent le champ des possibles. Quel(s) sens donner à ces nouvelles réalités matérielles ?

Dans la perspective diachronique de l’évolution de la sculpture à l’époque contemporaine (19e-21e siècles), la journée de recherche tentera de faire le point sur les dialogues signifiants entre l’usage singulier des matériaux et techniques et la constitution de la modernité sculptée.

Elle privilégiera les axes suivants :

  • Mutations du statut de l’esquisse ;
  • Choix de techniques ou matériaux particuliers ;
  • Recherche et innovation technique ;
  • Place de la matérialité dans le discours sur l’œuvre ;
  • Rejet de la technicité, retour à la taille directe, aux matériaux pauvres ;
  • Géographies d’ateliers : cités d’artistes et leurs voisinages.
  • Mécanisation.

Les propositions de participation devront comprendre un titre, un résumé (entre 1 500 et 2 000 signes) et une brève notice biographique (entre 500 et 1 000 signes). Elles sont à adresser avant le 7 février 2025 à l’adresse colloques@musee-rodin.fr.

 

Comité scientifique et organisation

  • Sébastien Clerbois, maître de conférences en histoire de l’art contemporain à l’Université libre de Bruxelles
  • Amélie Simier, conservatrice générale du patrimoine, directrice du musée Rodin
  • Chloé Ariot, conservatrice du patrimoine, chargée de la collection des sculptures au musée Rodin
  • Véronique Mattiussi, chef du service de la Recherche, musée Rodin
  • Franck Joubin, documentaliste, chargé des colloques, musée Rodin

Visuel : Auguste Rodin (1840-1917), La jeune mère, 1885, plâtre, terre crue, métal, H. 55 ; L. 35,5 ; P. 35 cm, Paris, musée Rodin, S.02193 © Agence photographique du musée Rodin - Jérome Manoukian

 

En partenariat avec l'Université Libre de Bruxelles

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