Camille Claudel. Nouveaux regards, nouvelles questions

Le travail et l’histoire de Camille Claudel ont ressurgi au début des années 1980 après une longue période d’oubli que la première exposition au musée Rodin en 1951, puis l’ouverture d’une salle qui lui était consacrée en 1952, n’avaient pas suffi à dissiper.

Il n’est pas indifférent que l’artiste soit d’abord réapparue en 1981 par le biais du théâtre, tant sa vie semble relever de ce registre. Incompréhension et tensions familiales, liens ambigus avec l’autre génie de la famille, son frère Paul, amour trahi, fulgurance de la création suivie d’une longue période de vacuité créative, enfin un long internement qui suscite encore bien des débats : tout cela fait de la vie de l’artiste un condensé de tous les thèmes romanesques par excellence. En 1988, le film de Bruno Nuytten, a renforcé cet effet et contribué à créer un véritable mythe.

Parallèlement, Camille Claudel a été le sujet de nombreux ouvrages; les historiens d’art ont reconstruit son œuvre que les circonstances et sa volonté, très destructrice, avaient morcelée et éparpillée. Leurs recherches et leurs travaux ont permis d’établir le catalogue de son Œuvre; il reste ouvert à de futures découvertes. 

Dix-sept ans après l’exposition de 1991 au musée Rodin, -la dernière grande rétrospective ayant été présentée à Québec, Détroit et Martigny en 2005- il a paru souhaitable de tirer un nouveau bilan et de prendre en considération avant tout le travail de Camille Claudel. Fruit d’un génie solitaire, il s’inscrit dans une époque, la fin du XIXe siècle qui a été reconsidérée durant ces dernières années faisant ainsi évoluer le regard que nous posons aujourd’hui sur lui. 

Qu’est-ce qu’être une femme élève-sculpteur dans un atelier à la fin du XIXe siècle ? Quelle stratégie professionnelle déployée par une femme artiste issue de la moyenne bourgeoisie et non pas de l’aristocratie, comme par exemple Adèle d’Affry, duchesse de Colonna, dite Marcello ? Comment faire advenir une sculpture moderne dans une période d’intense statuomanie et de sculpture industrielle, dont on peut craindre par là même qu’elle ne soit stéréotypée ? Qu’est-ce, enfin, que la sculpture moderne entre 1884, date des débuts de Camille Claudel, et 1905, époque où elle cesse quasiment de sculpter ? 

Coordination scientifique

• Aline Magnien, musée Rodin
• Paul-Louis Rinuy, Université de Paris VIII

Organisation

• Annie-Claude Demagny
• Hélène Pinet, musée Rodin, Service de la recherche, de la documentation, des archives et de la bibliothèque.

Programme

9 h 

Accueil des participants 

9 h 30 

Dominique Viéville, Directeur du musée Rodin
Introduction 

Matinée sous la présidence d’Aline Magnien, Conservateur en chef, responsable du service des collections au musée Rodin

9 h 45 

Bruno Gaudichon, Directeur de La Piscine, musée d’art et d’histoire André-Diligent, Roubaix
La place de Camille Claudel dans l’art de son époque 

10 h 15 

Emmanuelle Héran, Conservateur chargée des sculptures et des médailles au musée d’Orsay
Les liens entre l’art de Camille Claudel et l’art décoratif de la fin du XIXe siècle

10 h 45 à 11 h 15

Pause 

11 h 15 

Claudine Mitchell, Professeur d’histoire de l’art, Leeds
Les Phénomènes de la connaissance et les ombres de l’Histoire: la problématique «femme sculpteur» est elle viable? 

11 h 45 – 12 h 15

Table-ronde 

Après-midi sous la présidence de séance d’Emmanuelle Héran (musée d’Orsay) 

14 h 30 

Paul- Louis Rinuy (Professeur d’histoire de l’art, Paris VIII) 
La poétique en œuvre dans l’art de Camille Claudel 

15 h 

Claire Maingon (Docteur en histoire de l’art, Paris-X) 
Camille Claudel au Salon: quelle stratégie d’exposition? 

15 h 30 

Aline Magnien (Conservateur en chef, musée Rodin) 
Variations et reprises: le «corps-motif» dans l’œuvre de Camille Claudel

16 h à 16 h 30

Pause 

16 h 30 – 17 h 30 

Entretien avec Mâkhi Xenakis, sculpteur et auteur
La place de Camille Claudel dans l’art de son époque Bruno Gaudichon