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Image et corps
Journée d'études
Notre corps nous inscrit dans un quotidien physiologique et biologique tout autant que dans une interrogation identitaire. Penser notre corps, c’est nous projeter vers un au-dehors mais aussi interroger notre inquiétante étrangeté, cet au-dedans que notre corps délimite. Qu’il soit corps glorieux, corps divin ou païen, le corps se construit à la manière du “feuillet réversible” de Merleau-Ponty : il est tour à tour subi ou exalté, rejeté ou admiré, torturé, dépecé, choyé, idéalisé, magnifié. Le corps se conçoit donc comme un seuil : il est cette interface avec autrui qui permet de contempler et de donner à voir. Dès lors, si notre corps se structure dans la douleur et la déformation, pour tendre inéluctablement vers la mort ou le deuil, il s’élabore aussi grâce à un élan vital, exulte de désir pour laisser libre cours au plaisir, aux émotions interdites ou refoulées.
La représentation du corps subit cette même déchirure car représenter l’humain c’est tout à la fois peindre le personnage et l’état de son esprit. Tout d’abord bridée, normée et sacralisée, l’image du corps s’émancipe peu à peu, pour se libérer au XXe siècle. Sous la surface visible de l’image qui suit les canons de son époque ou cherche à s’en émanciper, se cache toujours la représentation sensible du corps, voilé ou dévoilé. Le triomphe des écorchés, les nus maniéristes ne montrent-t-il pas à fois la fascination pour l’anatomie, pour le passage du temps ou pour les tourments de l’âme ? Devant l’image du corps, nous sommes devant un seuil : sa contemplation peut nous faire passer de l’autre côté du miroir en déchirant la frontalité de l’image et en nous révélant à nous mêmes.
En quoi l’image du corps est-elle le reflet de cette déchirure entre intérieur et extérieur, de ce renversement entre abjection et érotisme, de cette scission entre profane et sacré ? Comment l’image patrimoniale et culturelle (la peinture mais aussi la photographie, le cinéma) expose-t-elle cette dualité du corps fragmenté, violenté, déconstruit, fétichisé ou sacralisé ? L’action de l’homme sur son propre corps (tatouages, scarifications, body art, performances, sport) est-elle une mise en scène de sa fragilité corporelle ou un cri identitaire ?
Programme
9h15
Accueil des participants
9h30 - CONFÉRENCE D’OUVERTURE
Alain Fleischer - Artiste, écrivain, directeur du Studio des arts contemporains Le Fresnoy
La peau des images, la peau comme image
10h30 - 12h30 - LE CORPS MAGNIFIÉ
Hélène Pinet - Chef du service de la recherche du Musée Rodin
Hélène Marraud - Attachée de conservation et chargée des sculptures au Musée Rodin
De Rodin à Mappelthorpe
Anne Creissels - Université de Lille III
Quand le geste fait image : performances et survivance du mythe
Sébastien Galliot - Centre de recherche et de documentation sur l’Océanie
Réflexion sur le statut des images tatouées à partir d’un cas en Polynésie occidentale. Le tatouage rituel à Samoa
Pause déjeuner et visite de l’exposition Mappelthorpe Rodin
14h30 - 15h30 - LE CORPS FRAGMENTÉ
Isabelle Prat-Steffen - Université de Cergy-Pontoise
Le corps pluriel dans le cinéma d’Isabel Coixet
François Géal - Université de Lyon II, artiste
Réflexions sur le traitement du corps dans mes photocollages
16h00 - 17h00 - LE CORPS VIOLENTÉ
Guillaume Singer - Journaliste, photographe
Le corps du boxeur, l’image de la boxe
Scheherazade Zambrano - Université de Lille III
Le corps déchu, l’image d’une blessure sociale : recherche corporelle à partir des féminicides au Mexique
17h30 - Clôture de la journée
Lieu(x) d’exposition(s)
Amphithéâtre du musée Rodin, Paris
Date(s)
Vendredi 6 juin 2014
Horaires
9h00-17h30
Tarif(s)
ENTRÉE LIBRE dans la mesure des places disponibles accessible aux personnes à mobilité réduite.
Accessibilité
- Mobilité réduite
Informations complémentaires
À télécharger
- Programme(pdf, 1050.1 ko)