Lutte d'un homme et d'un reptile, dite Transmutation de l’homme en reptile

Ancienne collection Maurice Fenaille, don 1929

Le sujet correspond au huitième cercle de l’enfer décrit par Dante dans la Divine comédie. Les voleurs sont jetés dans une fosse emplie de serpents. « Sur cet horrible mélange de reptiles enlacés, des ombres nues couraient épouvantées, sans trouver un seul abri dans les Enfers » (chant XXIV). Dante décrit la fusion d’une ombre et d’un serpent et la métamorphose de l’un en l’autre. Rodin a réalisé plusieurs dessins sur ce même thème mais celui-ci est le plus fascinant. Les deux figures sont entremêlées au point qu’il devient difficile de les identifier. Les combats aux prises avec un animal sont parmi les représentations les plus violentes et les plus sombres de l’œuvre de Rodin.

L’emploi de la couleur violette est particulièrement rare chez l’artiste. La totalité du papier est couvert. Rodin a d’abord tracé une esquisse au crayon avant d’utiliser l’encre noire. Les traits à la plume et les contours sont faits après l’application de la couleur noire. Le violet, qui est un mélange d’encres rouge et noire (probablement d’un noir bleuté) et de gouache blanche, vient en dernier. Le papier, de mauvaise qualité, provient de pages de petits carnets que Rodin colle sur d’autres feuilles un peu plus grandes. Le format des dessins en relation avec la commande de la Porte de l’enfer est toujours très modeste. Ils sont datés des années 1880, mais l’emploi de la couleur violette incite à dater plutôt cette feuille autour de 1899. On doit ajouter que ce type de dessin aboutit rarement à la réalisation de sculpture.